Et voici le troisième article sur la participation des hellénistes au Festival Européen Latin-Grec 2019, qui vient clore la série pour cette année.
Souvenez-vous, le thème du festival 2019 était L’Iliade d’Homère. A cette occasion, les organisateurs de l’événement ont proposé, comme ce fut le cas l’année précédente, la réalisation d’un « défilé épique ». Un défilé, oui. De mode. Que vient faire un défilé de mode dans l’étude des histoires d’Homère, me direz-vous ?
Peut-être pas grand-chose a priori, mais c’est une occasion de montrer que l’étude des langues et de la littérature de l’Antiquité n’est pas forcément source d’ennui ou de pédagogies ennuyeuses. En réalité, dans les vers d’Homère (n’oubliez pas que L’Iliade et L’Odyssée sont des poèmes en vers, à l’origine, même si on ne le voit souvent plus dans les traductions…!), les descriptions et les passages visuels sont très nombreux grâce à l’emploi d’une grande quantité d’adjectifs précisant la couleur, la luminosité ou l’aspect des éléments qui interviennent dans le récit. L’importance des perceptions sensorielles, notamment visuelles, dans L’Iliade, permet donc d’imaginer la création de costumes à partir du texte : certains personnages ou certains lieux vont évoquer une couleur ou une brillance par exemple.
C’est à ce travail que se sont donc attelées les élèves hellénistes : d’abord par groupes autour d’un ensemble de citations de L’Iliade ou d’informations générales liées à un personnage en particulier, elles ont dû se mettre d’accord sur les éléments visuels qui pouvaient caractériser ce personnage. Pour certains, il s’est agi d’un motif (celui du moineau pour le devin Calchas par exemple), pour d’autres, d’une ou plusieurs nuances de couleurs (surtout pour Iris, la déesse arc-en-ciel, amie de Héra et messagère des dieux), pour d’autres enfin, de la qualité d’un tissu, lourd ou léger, mat ou brillant, opaque ou transparent (souvent de la brillance pour évoquer la rosée de l’Aurore, de la légèreté pour faire référence à l’écume de la déesse marine Thétis, mère du héros Achille)…
Après cette première étape de concertation autour du texte de L’Iliade, chacune des vingt élèves a dû se pencher sur sa réalisation personnelle sous forme de croquis de mode. Cette réalisation, évaluée à la fois par note (sur 20) et par compétences comprenait deux parties : sur le recto d’une feuille Canson, le croquis en lui-même, le plus abouti possible, avec un travail des couleurs, des matières, de la luminosité sur les tissus, et au verso, un paragraphe argumenté expliquant les choix effectués pour cette production.
En complément de ce travail mené en partie en classe, pour les inspirer et leur donner des points de repère, les élèves hellénistes ont eu l’opportunité, avec les latinistes de 5ème qui le souhaitaient, de passer un samedi après-midi à l’Hôtel de Région, à Lyon, pour assister au véritable « défilé épique » organisé dans le cadre du Festival Européen Latin-Grec.
Rendez-vous fut donné le samedi 22 mars à 15h à la gare de Vénissieux pour un début du défilé dans le quartier de Confluence aux alentours de 16h. Passons sur les détails du trajet qui fut des plus mouvementés et nous a toutes mises à l’épreuve, nous faisant arriver sur les lieux à 16h30…! Heureusement, le défilé n’avait pas encore commencé : nous avons seulement eu le temps de nous asseoir pour assister à la fin du discours d’introduction, les lumières se sont tamisées, la musique a été lancée, et ça a commencé !
Une première partie du défilé présenta des créations d’élèves de collèges du sud de la Bourgogne principalement, pour illustrer des personnages comme Hélène de Sparte, Andromaque (la femme du prince troyen Hector), les Amazones, ou encore des éléments comme la nuit étoilée… Les élèves créateurs ont fait preuve d’une belle créativité et d’efforts de finesse dans le rendu de leurs costumes. Bravo à eux !
Après cela, une seconde partie nous donna à voir des créations de professionnels du stylisme avec des tenues coupées au millimètre, un vrai travail des tissus et des matières, et parfois une grande originalité. L’univers de certains stylistes, à l’origine de plusieurs tenues, était clairement identifiable, et il était agréable de parcourir leur imaginaire à travers leurs créations. Les élèves furent nombreuses à apprécier la robe toute en nuances de marron créée pour le personnage de Thétis, tandis que les adultes, eux, furent souvent plus sensibles à la poésie du costume représentant « des essaims d’abeilles dans un rocher ».
Le dernier costume, qui représentait « un feu qui embrase la forêt », mit tout le monde d’accord par la complexité de sa création et la surprise qu’il a suscita en se déployant. C’est d’ailleurs autour du modèle qui le portait que tout notre groupe a pu poser avant de rentrer à Vénissieux, accompagné de Mme Boureghda et des mamans d’élèves présentes.
Mais avant cela, au sortir de la salle de défilé, chacun d’entre nous, adultes comme adolescents, a été prié d’inscrire son vote sur un petit papier pour élire le meilleur costume créé par les collégiens, ainsi que le meilleur créé par des professionnels. Ce vote eu lieu autour d’un buffet troyen (avec des boissons, des desserts et des sucreries de l’Antiquité !), ce qui rendit la chose d’autant plus agréable.
Le mot de Seyma, élève de 3ème 4 présente aux sorties facultatives, pour clore cette série d’articles sur le Festival Européen Latin-Grec :
« Personnellement, j’ai trouvé les sorties très enrichissantes. Bien que je ne fasse pas de langues anciennes, j’ai pu y participer et j’ai beaucoup apprécié. Les thèmes étaient assez simples à comprendre et furent très bien représentés. Merci pour ces belles sorties ! »
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