Le 14 février 2019, malgré une professeure de langues anciennes en bien piètre état et grâce à des accompagnateurs-animateurs (deux professeures, un stagiaire et une maman d’élève) motivés et énergiques, l’ensemble des élèves latinistes (5ème, 4ème et 3ème réunis) a passé l’après-midi au musée des Beaux-Arts de Lyon. Ils y ont parcouru l’exposition itinérante « Claude, un empereur au destin singulier », qui était à Lyon pour quelques mois avant de poursuivre son chemin vers l’Italie, notamment.

Cette sortie pédagogique fut l’occasion d’aborder l’Empire avec les 5èmes et les 4èmes, qui ne travailleront pas sur ce sujet avant la 3ème, et d’initier une séquence qui sera effectuée en fin d’année pour les plus grands.

L’exposition était divisée en douze sections, qui abordaient chacune un aspect de la vie ou du règne de l’empereur Claude : la naissance à Lyon, son frère Germanicus, son neveu Caligula, son accession au trône, etc., pour finir par sa mort.

Le parcours était donc riche et très fourni, peut-être un peu trop foisonnant d’ailleurs pour des élèves qui se seraient retrouvés démunis face à une telle masse d’informations. C’est pourquoi il avait été créé un dossier sur l’exposition, organisé sous forme de jeu de piste (« escape game » serait un bien grand mot…), à effectuer en groupes (rebaptisés « cohortes » en référence à l’armée romaine), le plus rapidement possible.

La page de garde du dossier à compléter.

Chacune des quatre cohortes était sous la responsabilité d’un adulte, chargé de guider les élèves vers les informations à trouver pour pouvoir avancer. Dans chaque cohorte, un élève, qui se distinguait par ses excellents résultats et son sérieux en cours de latin, était nommé « centurion » : c’était à elle ou à lui que reviendrait le choix de trancher sur certaines questions si leurs camarades n’y parvenaient pas.

Mais des règles venaient compliquer ce jeu, qui était aussi une évaluation (à partir des réponses fournies sur le dossier) sur 60 points : un élève qui serait dissipé ferait perdre 5 points à son groupe, un élève timide qui ne ferait pas l’effort de participer, ferait perdre 5 points également. En revanche, le premier groupe arrivé gagnerait 5 points bonus par rapport aux autres. C’est finalement la cohorte emmenée par Mme Claudin, professeure d’anglais, qui a terminé le parcours en premier, mais tout le monde s’est plutôt bien pris au jeu !

Deux cohortes en plein travail, au cœur de la compétition.

A chaque salle de l’exposition correspondait une section du dossier, dans laquelle il y avait plusieurs questions à choix multiples, et d’autres types d’exercices : des réponses à rédiger, des repérages à faire sur photographies d’oeuvres, voire des actions à effectuer.

Pour avoir le droit de passer à la salle suivante, une cohorte ne devait fournir que des réponses correctes aux QCM, en s’appuyant sur les informations délivrées dans la salle en cours. Les autres questions apportaient des points dans l’évaluation mais n’empêchaient pas de progresser vers la dernière salle de l’exposition.

Les questions correspondant à la section VII sur l’Empire, à la toute fin du rez-de-chaussée.

Avec toutes ces règles en tête, nous avons ainsi pu comprendre qui était l’empereur Claude, né à Lyon en 10 avant J.-C., et quelles furent les caractéristiques principales de son règne.

Claude passe son enfance et sa jeunesse à lire et à étudier, dans l’ombre de son frère aîné Germanicus, célébré à Rome pour ses victoires militaires contre les Germains (d’où son surnom), dont tout le monde pense qu’il sera le futur empereur. En effet, Tibère, leur oncle et empereur, a adopté Germanicus, signe qu’il l’envisage comme son héritier et le futur empereur. Mais, comme souvent chez les empereurs julio-claudiens, Germanicus est assassiné. C’est alors son fils Caligula (neveu de Claude, donc), qui prend les rênes de l’Empire.

Un exercice du dossier à partir d’une plaque commémorative en l’honneur de Germanicus.

Après quatre ans de règne, Caligula, sa mère et ses sœurs  sont à leur tour assassinés, par des soldats de sa garde personnelle. Les auteurs de l’Antiquité raconte alors que Claude fut mis sur le trône malgré lui par les soldats qui ne lui laissèrent pas d’autre choix. Claude est décrit comme un personnage ridicule et pathétique, déniché par des soldats alors qu’il se cachait derrière une tenture du palais impérial ! Mais la réalité était peut-être différente de ce que les écrivains antiques ont bien voulu raconter…

Un tableau qui dépeint Claude apeuré parmi les soldats.

Si l’on s’appuie sur l’archéologie en complément des textes, on se rend compte que Claude était un lettré, un homme très cultivé, auteur de plusieurs ouvrages, inventeur de nouvelles lettres de l’alphabet (que nous n’avons pas conservées), qui, même dans l’ombre, a patiemment construit son image d’héritier légitime de l’Empire, par des mariages tactiques notamment.

Cet Empire, il l’a d’ailleurs agrandi en conquérant et colonisant de nouveaux territoires pour Rome, comme la Thrace, la Maurétanie, la Norique, la Lycie, ou la plus connue et prestigieuse, la Bretagne (le sud de l’Angleterre). Il entreprend de grands travaux comme celui du port d’Ostie, organise des jeux mémorables…

Il se révèle également un bon gestionnaire et un politique avisé, et le prouve en intégrant les notables gaulois au Sénat romain : une vraie révolution, gravée sur la Table claudienne retrouvée en 1528 à Lyon !

Enfin, l’empereur Claude s’attache aux marques du pouvoir, au triomphe militaire, notamment. Mais comme ses prédécesseurs, il sera assassiné, supposément par son épouse qui lui sert un plat de champignons vénéneux.

La Table claudienne, une mosaïque représentant un plat de champignons, et une statue de Claude.

A l’issue de l’exposition, un petit « plus » avait été prévu : une véritable course d’énigmes-jeu de piste dans le premier arrondissement de Lyon !

Au top départ, donné au niveau de la fontaine de la cour du musée, les groupes devaient remplir le plus rapidement possible la grille de mots en lien avec l’empereur Claude, en s’aidant des définitions fournies.

Quand c’était fait et qu’ils avaient trouvé le mot qui apparaissait verticalement, l’adulte responsable de leur cohorte leur délivrait une énigme : « Rendez-vous au croisement du lieu où ceux qui vont mourir saluent l’empereur et de la « via Tabularum Claudianarum » ». Les élèves devaient alors se rendre, munis du plan de l’arrondissement intégré à leur dossier, au lieu de rendez-vous où les attendait leur professeure de latin : à l’angle de l’ancien amphithéâtre de Lyon (les gladiateurs, qui combattaient dans l’amphithéâtre, prononçaient la phrase rituelle « Ave Caesar, morituri te salutant » / « Salut, César, ceux qui vont mourir te saluent » à l’empereur, lorsqu’il était présent) et de la rue des Tables claudiennes, soit ici :

L’étoile bleue, notre point de départ ; l’étoile rouge, l’arrivée ; le trait bleu, un des trajets possibles.

C’est la cohorte de Mme Leflaive, professeure d’histoire-géographie, dont le centurion était Orane (4ème) et les légionnaires, Kemil (3ème), Sonia, Isaac, Kinda (4ème), Romane et Ceyda (5ème), qui a emporté la course, suivi de peu par une seconde cohorte !

Les deux autres groupes nous ont rapidement rejoints, et, faute de temps, nous n’avons pas pu terminer le jeu de piste qui comportait une dernière énigme. Nous sommes donc rentrés, fatigués mais contents, à Vénissieux.

La « cohorte » gagnante du jeu de piste, emmenée par une collègue d’histoire-géographie ravie !

Pour atténuer la déception de ne pas avoir pu finir le jeu initialement prévu, leur professeure leur a concocté un jeu de piste en cinq étapes à faire pendant les vacances d’hiver s’ils le souhaitaient uniquement, et qui leur apporterait des points bonus !  Plus de détails sur ce jeu, effectué par cinq d’entre eux, au prochain épisode…